Au XVIe siècle, en particulier à partir de 1560, la France est secouée par des troubles politiques et religieux de grande ampleur, qui marquent les communautés comme les individus et laissent leur empreinte dans la production textuelle. Les Essais de Michel de Montaigne, qui semble avoir pris ses distances avec le tumulte de son époque, se font écho, notamment au livre III, des guerres civiles et des questions éthiques qu’elles soulèvent ; ils évoquent également les violences perpétrées par les Européens en Amérique, qui provoquent d’innombrables victimes et aggravent le malaise moral de l’essayiste. Les premières femmes mémorialistes, Marguerite de Valois et Charlotte Duplessis-Mornay, l’une catholique, l’autre protestante, consacrent, elles, des pages cruciales au massacre de la Saint-Barthélemy, l’une en tant que témoin impuissante, l’autre en tant que survivante miraculée. Agrippa d’Aubigné enfin, homme de guerre avant d’être homme de lettres, fait de ses Tragiques la représentation saisissante et la déploration d’un conflit fratricide autant que le prolongement par d’autres moyens de son combat au service de l’Église réformée. Après une contextualisation historique, ce cours sera donc consacré à l’étude de deux œuvres majeures de la Renaissance française et aux Mémoires de deux autrices encore en train d’être redécouvertes. Il permettra plus largement de réfléchir aux relations entre violence et littérature, et sera l’occasion d’appréhender les méthodes ainsi que les notions d’analyse de la poésie et des récits référentiels à la première personne.