Que peuvent apporter les théories et les perspectives féministes à notre compréhension de la, et du, politique ? Comment les rapports de genre déterminent-ils la participation politique, ou le rapport à l'État ? Comment expliquer la sous-représentation constante des femmes en politique ? Les femmes politiques ont-elles des comportements différents de ceux des hommes politiques ? Une fois au pouvoir, garantissent-elles la production de lois ou de mesures en faveur des femmes, et desquelles ? Comment le champ politique est-il structuré par certains types de féminités et masculinités, elles-mêmes imbriquées dans d’autres rapports de pouvoir ? Au-delà dans les institutions démocratiques, quelles formes prend la participation politique des femmes ? Et comment se déploient ces enjeux à l’échelle internationale et transnationale ?
L’objectif général de ce cours est de répondre à ces diverses questions en croisant les acquis de la science politique, des études du genre et des études féministes. Alors que le genre structure fortement les rapports politiques et les catégories de pensée, il n’est apparu que récemment comme outil d’analyse en science politique.
Ce cours entend ainsi familiariser les étudiant·es au sous-champ disciplinaire « genre et politique » en leur faisant découvrir un certain nombre de réalités empiriques mais aussi d’auteurs et autrices, de théories et de concepts sur le sujet. Ce cours cherche ensuite à développer les compétences analytiques et le regard critique des étudiant·es qui seront amené·es à manipuler le genre comme une catégorie pour analyser différents acteurs, institutions et processus politiques. Ceci sera l’occasion de revisiter des concepts et enjeux canoniques tels que l’État, la citoyenneté, la participation politique. C’est pourquoi ce cours abordera autant la politique dite conventionnelle ou institutionnelle (droit de vote, métier politique, militantisme partisan, accès aux instances électives et gouvernementales) que non-conventionnelle (mouvements féministes, politisation par « le bas », résistances, et socialisation « ordinaire »). Quatre thèmes ont été retenus : (1) Nation(s), État et ordre politique ; (2) Représentation politique ; (3) Participation politique non-institutionnelle ; (4) Politique internationale.
Ces thèmes seront traités le plus souvent possible dans une perspective comparée. Il s'agira ainsi de saisir, en fonction des singularités nationales et historiques propres aux cas étudiés, les dimensions sexuées de l'ordre politique (discours, pratiques et action publique), les mécanismes d'exclusion des femmes de la vie politique, et plus généralement de l'espace public, mais tout aussi bien les modalités de leur inclusion et leurs stratégies de participation ou de contournement. L’étude de la place des femmes et du genre dans le, et, la politique – à l’échelle nationale et internationale – participera d'une réflexion plus large sur la (re)production et l'imbrication du champ politique et social, et celle des rapports de pouvoir.
Ce cours est en définitive pensé comme un espace pour acquérir et développer des compétences analytiques, rédactionnelles et oratoires.