En 2004 déjà, le politiste Alexandre Dezé écrivait : « profondément ambigu, sémantiquement proche d’autres mots piégés du vocabulaire (populiste, populaire, peuple, démagogie), le terme de ‘populisme’ était sans doute destiné à rejoindre la longue liste de ces mots-valises qui, à force de tout signifier, ne signifient plus rien»1. En effet, depuis la fin de la guerre froide et plus encore depuis le début des années 2000, les publications savantes ou grand public, ainsi que les débats et controverses sur le « populisme » (de droite ou de gauche radicales) n’ont pas vraiment cessé. Le but de cette école d’été est de faire un état des lieux, dans les sciences humaines et sociales, de ce concept de « populisme », d’essayer de démêler l’écheveau conceptuel, rhétorique, politique, médiatique qui tend à galvauder, voire à dé-sémantiser, un terme qui néanmoins éclaire de façon précieuse l’offre politique dans les démocraties libérales, les crises politiques et de la représentation, enfin les crises sociales qui secouent des pays aux récits nationaux pourtant différents. Disons d’emblée que l’analyse des populismes de droite radicale sera priorisée, et que les enseignements porteront davantage sur les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, avec un certain nombre de micro-analyses portant sur d’autres aires culturelles, notamment fournies par des conférencier.e.s extérieur.e.s

1 Dans « Lectures critiques : Le populisme ou l’introuvable Cendrillon Autour de quelques ouvrages récents », Revue Française de Science Politique, 2004, Vol 54 (1), p. 179.