PHI 6605 : Herméneutique et ontologie : Les Confessions d’Augustin

On n’y peut rien, mais la philosophie s’apprend d’abord à partir de ses grands textes. Ce sont aussi ceux qui, sans grand paradoxe, nous apprennent à penser par nous-mêmes. Les Confessions de saint Augustin en font certainement partie. Elles ont inauguré une réflexion sur le sens de l’existence humaine dont l’actualité ne se dément pas, comme en témoigne l’ascendant qu’elles ont exercé sur la philosophie du XXe siècle (Heidegger, Arendt, Jaspers, Foucault, Derrida, Ricœur et Marion s’en sont tous inspirés de manière significative). Néanmoins, l’attrait de l’œuvre d’Augustin conserve quelque chose d’assez mystérieux, comme le souligne James O’Donnell dans sa biographie récente (2005), qui voit ici l’équivalent d’un « syndrome de Stockholm » : qu’est-ce qui fascine autant chez cet auteur si théocentrique, dont les convictions fondamentales se trouvent aux antipodes de la sensibilité contemporaine ? À cette question, on ne peut répondre qu’en suivant l’injonction des Confessions elles-mêmes : tolle, lege, « prends et lis ! »

Note sur les nombreuses traductions disponibles des Confessions
L’édition standard des œuvres d’Augustin en français est celle de la Bibliothèque augustinienne (= BA). Sa traduction des Confessions en 2 tomes (t. 13 et 14 de la BA), par E. Tréhorel et G. Bouissou, est exemplaire et celle que j’utiliserai surtout : elle est bilingue, son introduction et ses notes complémentaires sont éclairantes. L’une des plus récentes traduction des Confessions est celle de la Pléiade (trad. L. Jerphagon) : Les Confessions - Dialogues philosophiques, Gallimard, 1998. Cette édition est aussi très bonne, assez lyrique parfois, et a le double mérite de comprendre tout le texte des Confessions en un seul volume et de contenir aussi les premiers dialogues d’Augustin. La traduction du P. de Labriolle aux « Belles lettres » (deux tomes) est bilingue et très fiable aussi. Ces trois traductions sont cependant assez onéreuses et l’idéal est d’en trouver un exemplaire d’occasion. Parmi les éditions de poche disponible, la traduction de J. Trabucco (GF) est très utilisable et c’est elle qui sera commandée à la librairie de l’UdM. Il faut cependant se méfier de trois éditions de poche récentes et répandues : 1/ la traduction d’Arnauld d’Andilly (Folio) date du XVIIe siècle ; elle peut présenter un intérêt historique, voire littéraire, mais elle est portée sur la paraphrase, n’indique à peu près jamais les nombreuses références scripturaires dans le texte, ne comprend pas la division standard du texte en paragraphes et ses traductions sont souvent discutables ; 2/ la traduction de Louis de Mondadon (Points Seuil) ne comprend ni les références scripturaires, ni la division de chaque livre en chapitres et paragraphes. 3/ La traduction de F. Boyer publiée sous le titre discutable (tant la traduction littérale est évidente et universelle) Les Aveux veut présenter une traduction modernisante et un Augustin « remastérisé » (sic), ce dont son texte n’a pas vraiment besoin. De ce point de vue, la traduction Moreau de 1864, en libre accès sur Internet
(https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/confessions/confessions.htm), leur est presque supérieure. En résumé, les traductions que nous utiliserons le plus seront celles de Tréhorel et Bouissou (BA) et celle de Trabucco (GF). On peut se procurer commodément le texte latin des Confessions d’Augustin sur Internet (avec le commentaire insurpassable de J. J. O’Donnell) : https://faculty.georgetown.edu/jod/conf/

Littérature secondaire
Brown, P., La vie de saint Augustin (1967), Seuil, 1971, coll. Points.

Arendt, H., La conception de l’amour chez Augustin, Plon.

Chadwick, H., Augustine of Hippo. A Life, Oxford UP, 2009, Paperback 2010.

Chrétien, Jean-Louis, Saint Augustin et les actes de parole, PUF, Épiméthée, 2002.

Courcelle, P., Recherches sur les Confessions de saint Augustin, Paris, Éditions Boccard, 1950; 2e éd 1968.

Fitzgerald, A. D. (dir.), Augustine Through the Ages. An Encyclopedia, Grand Rapid Michigan / Cambridge U.K. : William B. Eerdmans Publishing Company, 1999 (B 655 Z69 A 94 1999).

Giraud, V., Augustin, les signes et la manifestation, Paris, PUF, « Épiméthée », 2013.

Heidegger, M., Phénoménologie de la vie religieuse (GA 60), trad. J. Greisch, Gallimard, 2012.

Jerphagon, L., Saint Augustin, le pédagogue de Dieu, Gallimard, 2002.

Madec, G., Augustin et la philosophie, Paris, Études augustiniennnes, 1996 ; articles « Augustin d’Hippone » et « Augustinisme », dans Lacoste, J.-Y. (dir.), Dictionnaire critique de la théologie, PUF, 1998, p. 105-114.

Marion, J.-L., Au lieu de soi. L’approche de saint Augustin, PUF, 2008.

Marrou, H.-I., Saint Augustin et l’augustinisme, Seuil, 1957 ; Saint Augustin et la fin de la culture antique (1957), Paris, Éditions Boccard, 1983.

O’Donnell, J. J., Augustine : A New Biography, Ecco-Harper Collins, New York, 2005; Augustine : Confessions, Oxford University Press, 1992, rééd. en paperback 2012 (ce commentaire littéral est disponible sur Internet : http://faculty.georgetown.edu/jod/augustine/ – excellent site par ailleurs).

Paffenroth, K. and R. P. Kennedy, A Reader's Companion to Augustine's Confessions, Westminster John Knox Press, Louisville, 2003.

Ricœur, P., Temps et récit, Seuil, t. I, 1983, et III, 1985